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Association jeune lève-toi

Crée en 1986, l' association" JEUNE LÈVE-TOI",d'inspiration chrétienne est ouverte à des jeunes avec un handicap mental, quelle que soit l' origine de leur handicap. Cette Association gère deux structures d'accueil.Source Vive, résidence pour jeunes gens handicapés mentaux et le Tremplin, Centre de Formation et d'insertion pour jeunes handicapés mentaux. Notre Association est une association gestionnaire associée aux Papillons Blancs de Paris --Web:apei.fr--Mail: bonjour@papillonsblancsdeparis.fr

Hommage d' Anne et Michel pour les 25 ans du Tremplin


Michel : Anne a écrit un livre de témoignage sur le parcours long et douloureux que nous avons vécu pour tenter de comprendre les troubles de Nicolas, le parcours scolaire chaotique, etc. Elle a voulu aussi apporter sa petite pierre pour un diagnostic plus précoce des troubles autistiques et une meilleure prise en charge de l’autisme en France. Le chapitre consacré au Tremplin est naturellement intitulé : Un Tremplin vers l’Embauche.
 Anne : Je n’y dis que du bien du Tremplin et j’espère que le livre sera publié comme ça, il fera une pub d’enfer au Tremplin. Nous avons entendu parler du Tremplin pour la première fois il y a 5 ans par une éducatrice du CAT Bastille, un restaurant où Nicolas avait effectué un stage. Le stage s’était très bien passé mais, comme Nicolas n’était pas encore dans une vraie démarche de travail et qu’il lui fallait acquérir plus de maturité et d’autonomie, l’éducatrice nous avait conseillé de prendre contact avec le Tremplin où elle avait été stagiaire quelques années auparavant. C’est ce que j’ai fait. Christophe m’a proposé de venir déjeuner à la table d’hôte pour faire connaissance. La semaine suivante Christophe, Michel, Nicolas et moi-même nous sommes retrouvés tous les quatre attablés dans la grande pièce qui fait office de salle de classe, de réunion, de spectacle ou de salle à manger. Une jeune femme un peu timide nous a apporté les plats en nous observant et nous avons aussitôt reconnu Maléna, une ancienne amie de Nicolas du cours Réaumur. Ca nous a fait plaisir de retrouver une vieille connaissance. Christophe nous a expliqué l’organisation du Tremplin. La formule du Tremplin, deux jours en stage et le reste du temps dans le « cocon » de l’école correspondait bien à ce que je recherchais. Un jour, à la suite d’un stage de Nicolas à l’Esat de la rue Madame, j’avais demandé s’il pouvait commencer par travailler à mi-temps de façon qu’il puisse se familiariser progressivement au monde du travail mais la directrice m’avait répondu que c’était impossible. Christophe propose à Nicolas de venir passer une semaine à l’essai. Nicolas accepte et à la fin de la semaine il souhaite être intégré au Tremplin. A 21 ans il prend part aux décisions qui engagent son avenir. Sans doute l’atmosphère chaleureuse du Tremplin, la diversité des activités jouent-elles dans son choix. Dès le mois de novembre Christophe propose à Nicolas un stage dans la cantine d’un lycée privé situé près des Jardins du Luxembourg. Le chef prend son encadrement très à cœur. Nicolas s’intègre très vite à l’équipe et dans l’ensemble tout se passe bien. Hélas lorsqu’arrive le mois de juin nous apprenons que le chef ne sera plus là à la rentrée. Le nouveau chef de la cantine accepte de garder Nicolas, mais ce dernier ne réussit pas à s’adapter au départ de son ancien chef. On ne reconnait plus Nicolas. L’éventail des taches qu’on lui confie se restreint. Nicolas est toujours de bonne humeur et apprécié par ses collègues mais son efficacité au travail est inégale. Il manque de concentration. Nicolas a un comportement complètement différent depuis le départ de son ancien chef ; ça m’inquiète beaucoup pour son avenir. Lorsqu’il travaillera plus tard il y aura aussi des changements de direction, que se passera-t-il alors ? Même si le chef est disposé à garder Nicolas l’année suivante Christophe pense qu’il vaut mieux changer d’environnement. Il a trouvé un bon tuyau avec la cantine de chez Orange à St Denis gérée par la société API.
Christophe Colin avec Nicolas
Michel : En juin 2010 Christophe, Nicolas, Anne et moi nous rendons à St Denis près du Stade de France dans un immeuble flambant neuf pour rencontrer le gérant de la cantine, M. Ribayrol. Nous sommes agréablement surpris par l’accueil chaleureux… et impressionnés par la qualité des mets et la diversité des menus proposés. Au retour des vacances d’été Nicolas part pour son premier jour de stage la peur au ventre. L’après-midi Anne l’attend de pied ferme pour avoir des nouvelles et dès qu’il franchit la porte de l’appartement elle comprend que la journée s’est bien passée. Nicolas est remarquablement encadré, on lui confie des tâches adaptées à ses capacités. L’ambiance de travail est chaleureuse. L’évaluation de son attitude et de son travail est excellente. C’est même surprenant si l’on compare avec les comptes rendus de l’année précédente. Une fois de plus on dirait qu’il s’agit d’une autre personne. Il a suffi qu’il change d’ambiance et d’environnement. Ses rapports de stage sont très encourageants. Comme d’habitude il est agréable, souriant, poli et respectueux, mais ce qui nous fait plaisir c’est qu’il arrive au bout des tâches confiées ; Nicolas fait preuve d’autonomie et de motivation.Lorsque nous retournons tous ensemble au mois de juin c’est pour signer un contrat d’embauche de 4 jours par semaine comme commis de cuisine. Ce qui nous a fait plaisir c’est de voir que les collègues de Nicolas se réjouissaient qu’il soit embauché.Quand Nicolas a commencé à travailler en septembre 2011 il annonçait fièrement à tout le monde que désormais il était salarié. Nous sommes très fiers nous aussi. Si on nous avait dit que Nicolas serait embauché si vite nous ne l’aurions pas cru. C’est un grand pas vers l’autonomie. Mais ce qui est peut-être plus important à nos yeux, c’est qu’il est très épanoui dans son travail.
 Anne : En mai dernier Nicolas a changé de lieu de travail, car API a ouvert un nouveau restaurant d’entreprise situé dans Paris. Ca m’a fait un peu peur parce que même si Nicolas connaissait le nouveau gérant qui n’est autre que le fils de monsieur Ribayrol qui était responsable de la cafétéria sur le site de Saint Denis, le chef a changé, de nombreux collègues, tout l’environnement ont changé, ce qui est difficile pour lui. Vendredi dernier c’était l’inauguration et le gérant m’a invitée. J’ai parlé un peu avec la secrétaire, le gérant et de nombreux collègues et il m’ont tous assuré que Nicolas avait pris ses marques et s’était bien adapté. Cela m’a beaucoup rassurée. Donc bravo à Nicolas et encore merci à API. J’ai même consacré un deuxième chapitre de mon livre au Tremplin intitulé : Le Tremplin pratique l’ouverture.Entre l’âge de 15 et 18 ans Nicolas a fréquenté un établissement public appelé Centre de Réadaptation psychopédagogique et scolaire dont nous attendions beaucoup. En écrivant le livre j’ai été frappée du contraste entre le cloisonnement, le manque d’ouverture de ce centre et le Tremplin. Dans le centre tout était parfaitement organisé, réglementé mais les portes y étaient toujours fermées. Lorsque nous nous y rendions pour un entretien avec le psychiatre, on nous faisait patienter dans l’entrée et toutes les portes restaient closes. Vous ne croisiez jamais un professeur ou un élève. Jamais il n’y a eu une fête pour Noël ou en fin d’année. Les relations entre les familles n’étaient pas encouragées comme au Tremplin. En interrogeant Nicolas, il s’est souvenu avoir invité une fois un de ses camarades, mais personnellement je ne me rappelle aucun d’entre eux, je n’ai fait la connaissance d’aucun parent. Les jeunes ne sont jamais partis ensemble en week-end ou en voyage. Le centre disposait de tout le personnel qu’il fallait mais je n’ai par exemple jamais rencontré l’assistance sociale, ni le thérapeute qui suivait Nicolas. Le centre ne « fonctionnait » pas ainsi. Mais ce qui nous a profondément choqués Michel et moi c’est la façon dont l’orientation a été gérée par le centre. On nous avait promis que nous bénéficierions d’une orientation sérieuse lorsque Nicolas quitterait l’établissement. Nous avons reçu par courrier l’adresse d’un hôpital de jour où, après de nombreuses péripéties dont j’avais l’habitude, j’ai finalement réussi à obtenir un rendez-vous.
Michel : C’était un endroit qui accueillait des adultes de tous âges qui pouvaient avoir déjà la quarantaine. Il y avait un bar au milieu du centre. Les adultes s’occupaient à divers ateliers. Un psychiatre nous a reçus Anne, Nicolas et moi-même dans son petit bureau un peu sinistre et lorsque nous lui avons demandé si les adultes réussissaient à trouver un travail à terme, il nous a répondu « Ah, non, vous comprenez, vu leur pathologie, ce n’est même pas envisageable.» Tout était dit ! Même si un travail n’était pas à l’ordre du jour dans l’immédiat, nous n’envisagions pas que Nicolas reste inactif. Ce médecin avait l’air de croire que nous savions de quel type de pathologie souffraient les autres pensionnaires mais nous n’en avions pas la moindre idée. Personne dans ces cas là ne vous informe de quoi que ce soit. Déjà que nous ne savions pas précisément ce qu’avait notre fils. Notre instinct nous dictait une fois de plus de ne surtout pas mettre Nicolas dans cet hôpital de jour. Il avait encore besoin d’un cadre avec une organisation de type scolaire. Nous ne comprenions même pas qu’on nous ait envoyés là-bas.
Anne : Je suis retournée au centre de réadaptation pour voir s’ils n’avaient pas une autre solution à nous proposer et je me suis trouvée nez à nez avec le psychiatre sur le seuil de l’immeuble. Ca tombait bien. Je lui ai brièvement fait part de notre rendez-vous à l’hôpital de jour et lui ai demandé si on pouvait envisager une solution différente. A mon grand étonnement il n’a pas desserré les dents. Il m’a tout simplement ignorée et a passé son chemin. Une fois de plus, nous allions devoir nous débrouiller seuls. C’était le schéma classique qui se reproduisait : orientation vers un hôpital de jour faute d’institution adaptée et faute de diagnostic.Le Tremplin au contraire est ouvert aux parents et ouvert sur l’extérieur. Nous avons bien aimé venir pour les repas le mercredi. A chaque fois Michel et moi réfléchissions à un menu différent qui soit pratique à préparer pour une vingtaine de personnes. En général, Michel se chargeait du plat principal et je m’occupais plutôt du dessert. J’ai été heureuse de voir que Michel prenait beaucoup de plaisir à ces instants de convivialité passés au Tremplin, aux contacts avec les autres jeunes et les bénévoles. Nicolas était toujours ravi et fier quand c’était à notre tour de régaler. Je voudrais remercier le Tremplin et en particulier sœur Monique qui ont préparé Nicolas à la Confirmation. C’est aussi grâce au Tremplin que nous avons fait la connaissance d’une communauté de Foi et Lumière. Depuis quelques mois Michel nous accompagne aux réunions. Il est de confession orthodoxe mais il apprécie de se sentir accueilli.
 Michel : Avec le Tremplin et Foi et Lumière c’est un grand changement par rapport au sentiment d’exclusion que j’ai souvent ressenti dans certains centres médico-sociaux où l’on faisait tout pour nous séparer de notre enfant, nous exclure de la prise en charge.Pour tout cela nous profitons de cette belle soirée pour remercier chaleureusement Christophe, sœur Monique, Nicole, Eline, Christine et tous les bénévoles ! Merci aussi à Jean et à tous ceux qui s’expriment sur le blog qui est très bien fait et constitue aussi une ouverture sur l’extérieur.